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de 19/3/2001 à 5/5/2001 le retour

Chaque village nous envoie au village suivant pour remplir nos papiers, jusque Bougouni ou j’attends philippe dans le camion, devant le poste de police. C’est là que Adama m’appelle et m’invite a m’asseoir à l’ombre , invitation que j’accepte. Il travaille dans un restaurant et nous discutons un moment. Philippe nous rejoint et un peu plus tard, Rama, la patronne. Elle, malienne et son mari, français viennent d’ouvrir ce restaurant il y a quelques jours. Nous discutons toute l’après-midi et c’est elle qui, avec un de ses ami-client douanier, va nous sortir des problèmes dans lesquels le poste frontière nous avait mis, à notre insu. Heureusement que nous nous sommes arrêtés là sinon, à Bamako, nous aurions du revenir à la frontière …Le soir, Thierry (le mari) nous rejoint aussi, nous passons une très bonne (au propre et au figuré) soirée.

Dimanche 5/1/2001

Thierry profite de notre déplacement pour nous accompagner à Bamako arranger ses papiers. Encore un coup de pot car il nous emmène chez la tante de Rama, Kadjatou, qui a une grande maison avec une grande cour au milieu, où habite toute la famille africaine : ses 2 fils mais aussi l’oncle, de Gao, qui est venu rendre visite, la nièce qui a été élevée là car kadjatou n’a pas eu de fille (Kadidja), les enfants de sa sœur décédée (Safi et sa fille Pitchou, Mae, Mariam et Mohammed), la grand-mère, la belle-sœur, le fils de son mari décédé (et d’une autre épouse) , le cuisinier, sa femme, ses 2 filles avec leurs enfants, la bonne avec son enfant, plus encore quelques cousins, et mes excuses pour tout oubli.

Nous sommes accueillis avec l’hospitalité malienne, que nous découvrons et nous ne restons jamais seuls en ville. Achats de tissus au grand marché avec Safi, où malgré notre accompagnatrice, les marchands nous « fatiguent », et on emmène le tout chez le tailleur.

Dès que nous sortons, il y a toujours quelqu’un pour nous demander ou nous allons. Safi, notre guide officiel à Bamako, nous emmène aussi en discothèque mais c’est un peu décevant : même musique et même ambiance que chez nous, avec aussi une trop grande proportion de blancs. C’est plutôt Thierry qui nous fait découvrir les petits bars avec de la bonne musique, un peu style desert blues. Un peu de cinéma aussi, ou par hasard, le film du jour, Pièces d’identité est quasi entièrement tourné à Bruxelles…

Le jour, tout le monde se retrouve dans la grande cour. La cuisine se fait à tour de rôle, par les filles et en groupe de 2. L’après-midi, on se tresse, le soir, les jeunes discutent à l’extérieur, sous l’arbre à palabres. Les habitués se retrouvent à leur « grain ». Le nôtre, c’est chez Phil, ou la bière, malgré la déco, est bon marché (je suis à la bière depuis la guinée).

Bamako et la famille, c’est sympa mais ce qui nous intéresse au Mali, c’est surtout le pays Dogon et Djenné. Le hic pour le trip en pays dogon, c’est notre camion, que nous n’avons pas envie de laisser sans surveillance pendant plusieurs jours. C’est pourquoi nous choisissons de le laisser à Bamako, chez Kadjatou, et de prendre les transports en commun. Et comme Kadjatou ne veut pas nous laisser partir seul, Sanoussi nous accompagne.

Jeudi 18/1/2001

Nous préparons notre départ : sacs à dos au minimum, appareils photos, etc.… et c’est seulement vers 16 h que nous partons vers la gare, et de Bamako à 18h. Le bus est assez confortable, ca va. On s’arrête souvent jusque Ségou et ensuite, d’un trait jusque Mopti (ou nous dormons ?). Il y a un hic, la nuit est très froide et pour limiter les bagages, je n’ai pas emporté de pull. Nous aurons l’occasion de le regretter toutes les nuits jusqu’à notre retour …Nous arrivons à Mopti à 3h30 du mat’ et heureusement, nous pouvons rester dans le bus jusqu’au petit matin.

6h du mat’ , ouille, on a mal partout et en plus, nous sommes gelés. Au moins, ca nous donne l’envie de bouger et nous visitons Mopti pendant la matinée. De retour sur la place, nous sommes harcelés par les petits guides mais Sanoussi nous en débarrasse. Baché jusqu’au carrefour de Sévaré, et inscription au baché pour Bandiagara à 10h30. … A l’achat des tickets, Sanoussi à entendu qu’il fallait doubler le prix pour les blancs, ce qui l’a mis en colère (c’est la première fois) mais tout s’est finalement arrangé.

Ce n’est jour de marché ni à Sangha, ni à Bandiagara et l’attente du départ est un peu longue.

Heureusement, nous sommes à l’ombre dans une cour, ce qui nous donne l’occasion d’observer les habitudes d’une autre famille. Départ du baché : 16h… c’est l’heure où le 17eme candidat se présente. Nouvelle discussion parce qu’il faudrait payer pour monter nos sacs et Sanoussi s’explique de nouveau.

A l’arrivée à Bandiagara (2h30 et 60 km plus loin), de nouveau les petits guides qui nous sautent dessus comme des mouches sur un caca frais. Sanoussi, encore lui, s’en tire en appelant quelqu’un qui lui a été recommandé et discute habilement mais fermement les prix. J’apprend l’art du marchandage. Le plus simple, c’est de donner son prix et dire que l’on a pas plus, mais tout ca, avec les formes … Par exemple, pour éviter un guide qui nous conduirait ou il veut et qui ne nous apprendrait de toutes façons rien du tout (c’est clair que les jeunes guides voient dans les blancs des portefeuilles mobiles), on a pas prévu la dépense d’un guide, on a avec nous juste de quoi manger et loger, sinon, on l’aurait bien sur pris, mais vraiment, ce n’est pas possible, etc…

Au moins, les discussions nous permettent de choisir notre itinéraire et commander des noix de cola, à distribuer aux anciens des villages, en signe de respect. Rendez-vous est pris avec le taximan pour nous déposer le lendemain au village de Djiguibombo et nous reprendre à Dourou le mardi.

Samedi 20/1/2001

Nous arrivons à Djiguibombo où nous sommes accueillis par le comité des sages encore assez frais. Salutations (facile à suivre, la langue change mais les intonations restent) et bénédiction de bienvenue. Le chef du village (chef temporel, qui gère les détails pratiques du village. Il existe aussi un chef spirituel, le Hogon, mais que l’on ne rencontre pas dans le village même) délègue son jeune frère pour nous guider. Celui-ci nous montre la toguna, case ouverte soutenue par des piliers, et qui serait le premier endroit ou l’ancêtre du village a construit, les cases de menstruations, où les femmes se retirent au moment des règles (ca doit servir de vacances. Au moins les femmes dogon en ont).

L’après-midi, après une ballade qui se termine par une escalade dans les rochers, nous arrivons à Keni-Kombolé. Là, les habitants ont petit à petit abandonné la falaise pour le plateau, lorque la menace d’être capturé pour l’esclavage ou la guerre a disparu. Mais les ruines des falaises se visitent, et en bon touriste, c’est ce que nous faisons. Greniers traditionnels, maisons, greniers des thélèmes ( ?) (pygmées ?) qui habitaient la falaise avant les dogons.

Au retour, nous rencontrons un vieux monsieur, qui a fait la guerre en France et qui se souvient encore de son numéro de matricule (etd’autres choses encore). J’admire qu’il ne soit pas rancunier contre les Français, mais il est content d’avoir de la visite (ici, tout le monde pense d’abord que nous sommes français et au Mali, les Français sont bien vus).
Le même jour, nous visitons encore Telly et nous passons la nuit là-bas.

Le lendemain, nous arrivons à Endé, où tout à l’air d’avoir été fait pour être acheté. Il faut dire que l’artisanat est beau, mais ca sent un peu l’attrape touriste. On peut également rencontrer le Hogon (mais après discussion quelques jours plus tard, c’est peut-être un vieux que l’on a mis là en vitrine, car nous ne sommes pas censés voir le Hogon). De toutes façons, il est bien gentil mais il ne parle pas beaucoup.

La paresse n’a plus de limite, le lendemain, c’est en charrette que nous faisons les quelques kilomètres qui nous séparent de Yabatolon et ensuite du marché de Benimato.

Au marché, nous rencontrons le boucher, chrétien, qui va nous préparer un jambonneau rôti pour le soir. Ouah, une aubaine. Comme il a une espèce de campement, nous nous décidons pour passer la nuit chez lui. En fait de campement, c’est sur des nattes que nous passons la nuit mais par contre, l’accueil est très chaleureux (au contraire de la nuit qui, elle, est glaciale, venteuse et un peu dure pour nos vieux os) et le repas est le meilleur que nous ayons fait sur ces 4 derniers jours (dans tous les autres villages, la carte est la même, et pas très fournie : pâtes, riz ou couscous sauce tomate). Le village lui-même est accessible après une bonne heure d’escalade (alors que le marché est sur le plateau) et donc moins habitué au tourisme. 

Le lendemain, c’est une marche de 8km dans les rochers qui nous attend et nous nous levons à l’aube pour profiter de la fraicheur. C’était une bonne idée car Sanoussi est hors d’haleine. Et c’est la fin de notre ballade dans le pays dogon.

Taxi jusque Mopti, nous achetons 5 places pour nous 3 dans le bâché pour Djenné, notre prochaine étape. Bien sur, ce rachat donne droit à des discussions. Et bien sur aussi, tout le monde finit par être d’accord (merci Sanoussi, on peut dire que tu prends nos intérêts à cœur). Pas d’électricité à Djenné, c’est donc dans le noir que nous faisons notre première visite. Le lendemain matin, nous visitons la ville, très calme et d’architecture très homogène. 
Pour Philippe le photographe, c’est le paradis. Les jeux d’ombre et de lumière sur les murs de bancos, les portes ouvertes sur les cours et les escaliers qui montent aux terrasses l’inspirent (et finalement, moi aussi je m’y mets). Les enfants prennent la pose pour se faire photographier (50 Cfa, pas de discussion). Nous nous arrêtons lorsque nous avons mal aux jambes.

C’est une américaine de New York qui nous dépose au carrefour de la route pour Ségou-Bamako, ou nous prenons le bus de ligne après une petite heure d’attente (un exploit depuis notre expédition en transport en commun). Ca s’appelle Afrique sans frontière.

Première halte du bus, trois types bizarrement habillés montent. Après la première seconde d’étonnement, nous reconnaissons leur accoutrement de chasseurs (j’ai bien envie de prendre une photo mais je n’ose pas. On dit qu’il ne faut pas bousculer un chasseur sinon il pourrait vous jeter un sort et je n’ai pas envie de tomber sur un susceptible. Tant pis pour moi, je ne sais pas encore que les chasseurs sont des poseurs et qu’ils sont très fiers de sortir de l’ordinaire). A la halte suivante, nous nous rendons compte que le bus est quasi rempli de chasseurs. Ils se rendent à Bamako ou à Ségou pour la première rencontre des chasseurs d’Afrique de l’Ouest, qui commence vendredi (nous sommes mercredi). Chouette, nous serons à Bamako juste à temps pour l’évènement.

Nous descendons à Ségou, et passons la nuit chez la tante de Sanoussi, Fatima. Hou, j’allais oublier, le soir, nous assistons à ce que nous prenons pour un petit spectacle. Une femme danse dienne kloge (danse de diable) de manière assez hachée au son des djembés et balafons. La musique commence doucement, puis à un moment s’accélère rapidement pendant que les mouvements de la femme sont plus saccadés et violents. Elle essaie d’entrer en transe. Comme ca ne marche pas, la musique s’arrête et recommence doucement. De temps en temps, elle fait se lever quelqu’un. Après peut-être une quinzaine d’essais, elle se lance sur moi (je le sentais, il y a 2 blancs dans l’assistance, il faut forcément que ce soit eux qui la fasse passer en transe). Bon sang, qu’est-ce que je suis sensée faire ? Je n’aime pas ca. Mais des femmes dans l’assistance me disent de me laisser faire et qu’il n’y a pas de problème. C’est une séance de guérison, j’ai compris maintenant. Elle me voit, elle me sent en elle …Effectivement, quand on sait comment ca se passe, il n’y a pas de quoi être impressionné. Un infirme s’approche d’elle et l’hôte de la fête demande à la guérisseuse de faire quelque chose pour son ami. Je retourne à ma place. La danse est terminée, les guérisons vont commencer. Nous rentrons nous coucher

Nous visitons rapidement Ségou le lendemain, surtout les berges du fleuve Niger. Sanoussi retrouve de vieilles connaissances et vers midi, nous reprenons le bus pour Bamako .

Fin de l’expédition en transports en commun du Mali. Nous rentrons chez Kadja, à Bamako.

Vendredi 26/1/2001

Cet après-midi, au stade omnisport Modibou Keïta , c’est le coup d’envoi des rencontres des chasseurs d’Afrique de l’Ouest. L’évènement est d’importance. Même la ministre française de la culture s’est déplacée. Nous y allons à 5, Sanoussi, Bouba, Bavier, Philippe et moi. Le stade est déjà plein lorsque nous arrivons, vers 15h30.

Et devinez quoi ? A 16h, à l’heure prévue (si si, nous sommes encore en Afrique), les chasseurs arrivent, regroupés par pays et par région. Du Burkina, du Sénégal, de Guinée, de Niger, de Zinder et bien sur des différentes régions du Mali, ils sont tous venus. Nous sommes un peu loin et Sanoussi, notre ange gardien, se débrouille pour nous faire entrer dans le stade pour prendre des photos. Il n’y a qu’en Afrique qu’on peut voir ça, des particuliers pouvoir circuler quasi librement dans le stade et prendre toutes les photos qu’ils veulent. C’est là que je découvre que les chasseurs adorent se faire prendre en photo (ici, on dit des poses). C’est coloré. Parfois odorant. C’est seulement lorsque j’arrête de regarder mon appareil que je me rends compte que les serpents que je viens de prendre en photo sont à 50 cm de moi…allons voir plus loin…

Nous essayons de trouver David parmi les chasseurs mais il y a trop de monde, et le stade est trop grand. Nous essayons de le piquer à la sortie, près de sa voiture mais il est si populaire que c’est tout un fan-club qui l’entoure et ses «gorilles» lui ouvrent le chemin à la menace du poignard. Moi, je crois qu’ils sont sérieux et je prends mes jambes à mon cou, en ouvrant des yeux effrayés, si bien que l’un s'excuse. Vous pouvez rire, mais je voudrais vous y voir, des milliers de types plus effrayants les uns que les autres, qui passent leurs temps à jeter des sorts, bons ou mauvais vous entoure et l’un d’eux arrive en roulant des yeux terribles et en levant un bras armé et vengeur … OK , peut-être je suis une trouillarde…

De toutes façons, on n’arrivera pas à prendre des photos de David en habits de sorcier… retour à la maison, ou nous passons la soirée à discuter l’évènement. Philippe et moi sommes passés à la télé en direct et c’est la petite Aïcha qui nous a vus la première. Tout le monde a crié « c’est Philippe et Danielle » …

Lundi 29/1/2001

Nous ne pouvons pas rester éternellement. Après de longs au revoir, nous repassons à Bougouni, pour aller au Burkina par Sikasso. Adama nous reconnaît de loin (bien que nous ayons déjà garé notre camion). Sa famille est à Bobo et il a vraiment envie de revoir sa grande sœur, qu’il n’a pas vue depuis longtemps. Aussi, il nous accompagne le lendemain. Nous roulons de midi jusqu’à 21h lorsque nous arrivons chez sa soeur, Fatoumata. Mais mauvaise nouvelle, son mari est décédé, il y a un mois.

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